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DSM-5 : sommes-nous tous des fous qui s'ignorent ?

Mise à jour par Marion Garteiser, journaliste santé le 27/05/2013 - 12h44
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Si vous subissez des accès de gourmandise plus de trois fois par mois, ou si votre enfant fait plus de trois colères par semaine, vous avez peut-être tous les deux des troubles mentaux. C'est en tout cas ce que semble indiquer le nouveau DSM-5, manuel de référence américain à destination  des psychiatres...

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DSM-5 : que dit la dernière version du manuel de psychiatrie référent ?

Vous ne connaissez peut-être pas le nom DSM-5 (cela signifie Diagnostics and Statistics manual, c'est-à-dire manuel statistique et diagnostique des troubles mentaux). C'est pourtant un livre important pour nous tous : il détermine ce que les psychiatres considèrent comme un trouble mental, par opposition aux comportements normaux.

Pourquoi un livre destiné aux psychiatres américains est-il si important dans le monde entier ?
Le DSM-5 n'est rien de moins qu'une tentative de décrire tous les troubles mentaux, avec des critères clairs et (la plupart du temps) faciles à déterminer : combien de temps durent les symptômes, quel est l'impact sur la vie de patient, quelle est la fréquence des épisodes... L'outil est très facile à utiliser, et donc intéresse de nombreux médecins bien au-delà des Etats-Unis. En mai, une nouvelle édition de ce manuel a été publiée. Cela faisait sept ans que l'Association des psychiatres américains travaillait dessus.

Qu'est-ce qui change dans la nouvelle édition du manuel des troubles mentaux ?

De nombreux changements ont été apportés, que l'on ne peut pas forcément résumer en une tendance. Mais si le DSM-5 fait les « unes » aujourd'hui, c'est parce qu'il semble à beaucoup de commentateurs qu'il devient très facile de souffrir d'un trouble mental. Pour isoler des exemples parlants, on peut mentionner la gourmandise, le deuil ou encore les caprices !

La gourmandise
Quatre épisodes par mois où le patient mange beaucoup plus que ce qui serait considéré comme normal suffisent apparemment à diagnostiquer un trouble mental !

Le deuil
Alors que la perte d'un ou d'une proche était jusqu'à maintenant un critère qui excluait le diagnostic de dépression (parce que ressentir de la tristesse, pleurer ou ressentir peu de plaisir dans les activités quotidiennes est fréquent quand on vient de subir un deuil), aujourd'hui, au bout de quinze jours, les symptômes pourront être considérés comme une dépression ordinaire.

Les caprices
Chez un enfant, trois épisodes par semaine de réactions exagérées à un événement (caprices, colères, etc.) suffiront à diagnostiquer un trouble de régulation de l'humeur (disruptive mood dysregulation disorder).

Initialement publié par Marion Garteiser, journaliste santé le 27/05/2013 - 12h44 et mis à jour par Marion Garteiser, journaliste santé le 27/05/2013 - 12h44

Allen Frances, « Saving Normal », mai 2013. Maia Szalavitz, Time, janvier 2103. Friedman, R.A., NEJM, mai 2012 (doi : 10.1056/NEJMp1201794)

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