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Vacciner grâce aux bactéries

Publié par Pierre Dewaele, journaliste médical et scientifique le 03/09/2002 - 00h00
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Utiliser des bactéries pour vacciner des personnes voici qui est original. Cette recherche a été menée en Belgique et a conduit ses inventeurs à déposer un brevet !

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Toutes les bactéries ne sont pas mauvaises. Certaines d'entre-elles sont même indispensables. Au cours de notre évolution, notre organisme a réussi à en tirer parti tout en leur offrant un endroit où survivre. Il en est ainsi des bactéries du type lactobacillus. Elles doivent leur nom à l'acide lactique qu'elles produisent. Ce dernier a des vertus diverses. La plus utile est certainement celle qui empêche d'autres bactéries de se développer. Elles sont connues de longue date puisque c'est grâce à elles que la charcuterie se conserve ou qu'il est possible de préserver de la putréfaction du fromage. Ce sont aussi ces bactéries qui protègent les voies génitales féminines des infections.

Une bactérie, un vaccin

De là, à imaginer que ces bactéries pourraient servir de transporteur à des traitements, il n'y avait qu'un pas. Les chercheurs du laboratoire de biologie moléculaire de Jean Delcour à l'université catholique de Louvain l'ont franchi.Ils ont associés aux bactéries lactiques des fragments d'autres bactéries responsables du tétanos. L'objectif était de montrer que le transport fonctionnait parfaitement. Ils ont réussi à le démontrer ! Bien sûr, leur expérience n'a pas eu lieu sur des hommes mais sur des souris. Qu'a cela ne tienne ces dernières ont, bel et bien été protégées contre le tétanos en ayant simplement ingéré quelques grammes de bactéries lactiques modifiées. Ce transport avait donc permis aux souris d'être " vacciner " contre le tétanos.

Pas dans la nature

Mais attention, l'histoire ne s'arrête pas là ; il serait dangereux de libérer dans la nature des bactéries ainsi modifiées. "La dispersion dans la nature des bactéries transgéniques doit être strictement contrôlée". C'est pourquoi la " brave bactérie lactique " a dû subir une nouvelle transformation. De manière chirurgicale, les chercheurs lui ont enlevé la possibilité de vivre plus de quelques heures dans un milieu ne contenant pas un élément essentiel à sa survie : la D-alanine. A l'état naturel, la bactérie la produit normalement mais la bactérie modifiée par les chercheurs en est incapable et meurt rapidement en son absence.De cette manière, les chercheurs de l'UCL ont réussi à mettre les prémisses de ce qui deviendra peut-être un vaccin oral beaucoup plus simple à donner et aussi facile à manger qu'un yaourt, un bout de saucisson ou un bon fromage…

Publié par Pierre Dewaele, journaliste médical et scientifique le 03/09/2002 - 00h00 Laboratoire de génétique moléculaire (UCL)
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