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Pour ou contre l'interdiction des distributeurs dans les écoles ?

Publié par Nicolas Rousseau, diététicien nutritionniste le 14/12/2004 - 00h00
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Il y a quelques semaines, la décision du gouvernement Arena d'interdire, notamment, la distribution de sodas et probablement aussi la vente de confiseries a soulevé autant d'admiration que d'indignation dans le pays. Cette stratégie peut-elle être payante ? Pas forcément…

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Certes, l'obésité trouve ses racines dans l'enfance avec l'adoption d'un style de vie et d'une alimentation inadaptée. Mais prévenir l'obésité au plus jeune âge est cependant plus complexe qu'il n'y paraît. Voici quelques pistes de réflexion.

Agir dès le début

Dès la naissance, il est possible de prévenir l'obésité. En effet, de plus en plus de données s'accumulent pour dire que l'allaitement maternel prolongé au moins jusqu'à 6 mois diminue le risque d'obésité à l'âge adulte. Le mécanisme de cette protection n'est pas encore élucidé.L'OMS place également l'influence parentale en première ligne de la prévention de l'obésité. Tout enfant a la capacité d'autoréguler son alimentation. Un contrôle parental excessif donne des résultats qui sont totalement contreproductifs : c'est en effet risquer d'accentuer le dégoût ou l'attirance pour l'aliment sujet à " discussion ".Un des volets de la mission parentale est aussi d'apprendre à l'enfant à manger et à se débarrasser de la néophobie alimentaire. Ce processus est tout à fait naturel : entre 2 et 7 ans, plus de 75 % des enfants refusent de goûter spontanément les aliments qu'ils ne connaissent pas et, bien souvent, les fruits et légumes. La familiarisation (l'exposition répétée à un aliment rejeté, sous différentes formes) résout facilement le problème, et ce d'autant plus si les parents montrent l'exemple et si l'enfant est, par exemple, impliqué dans la préparation. Il ne faut donc pas baisser les bras trop vite !Ne pas habituer trop tôt un enfant au goût sucré est aussi une démarche qui permet de contrôler naturellement ensuite son attrait pour les aliments sucrés.

Chocolat, cola, gaufre...

La collation du matin à l'école est-elle réellement responsable de l'augmentation galopante de l'obésité dans notre pays ? A l'heure actuelle, aucun argument scientifique sérieux n'existe pour dire que oui… Pour l'Agence francaise sanitaire des aliments (Afssa) : elle est totalement inutile et doit donc être interdite. Motifs : l'absence du petit déjeuner est une réalité chez trop peu d'enfants, la qualité de la collation laisse à désirer et elle s'accompagne d'un excès calorique de 4% par rapport aux enfants qui n'en prennent pas.Des arguments discutables, dans la mesure où l'Afssa a oublié, premièrement, de prendre en compte le fait que cette interdiction aura probablement un revers de la médaille : l'attrait plus prononcé encore pour les produits sucrés. Deuxièmement, la présence d'un petit déjeuner ne signifie pas pour autant " un petit déjeuner consistant et équilibré ". A titre d'exemple, chez nous, une enquête réalisée par l'Université de Gand en 1998 révélait que seul un adolescent sur dix avalait tous les jours un petit déjeuner digne de ce nom…Troisièmement, la littérature disponible actuellement ne permet pas de dire que 25% des apports énergétiques de la journée au petit déjeuner est le chiffre idéal et que cet apport ne peut pas être étalé dans la matinée. Bien au contraire, le fractionnement alimentaire semble avoir un impact salutaire sur la réduction du risque d'obésité, surtout chez les adolescents.

Publié par Nicolas Rousseau, diététicien nutritionniste le 14/12/2004 - 00h00 Références : - Avis de l'Afssa relatif à la collation matinale à l'école- Saisine n° 2003-SA-0281. - La santé de l'adulte commence à se construire dès l'enfance - Danone Nutritopics n°30 - juin 2004.
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