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Attention aux faux médicaments!

Publié par Gilles Goetghebuer, journaliste santé, et le Dr P. Laure le 06/12/2005 - 00h00
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L'industrie de la contrefacon qui autrefois concernait surtout les produits de luxe touche à présent tous les secteurs économiques, notamment la pharmacie. Les sportifs sont particulièrement concernés!

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Malgré tous les efforts pour circonscrire ce fléau, l'industrie de la contrefacon progresse régulièrement. Selon la Chambre de commerce internationale, elle représente désormais entre 5 et 7% des échanges mondiaux et investit tous les domaines: tabac, CD, équipements automobiles, sacs à mains, chaussures… et même les médicaments! De nombreuses substances sont produites en dehors des laboratoires contrôlés et, très souvent, on découvre à l'analyse que leur composition diffère de celle mentionnée sur l'emballage. Certains principes actifs risquent d'avoir été remplacés par d'autres. C'est l'histoire classique de la quinine achetée chez un revendeur local en Afrique et qui ne contient en définitive que de l'aspirine. Mais toutes les arnaques sont possibles. On a déjà saisi de faux broncho-dilatateurs en Grande-Bretagne, de faux antidépresseurs en Belgique, un faux bêta bloquant et de faux anticancéreux aux Pays-Bas.

Pourquoi les sportifs?

Nous disions que les sportifs sont particulièrement concernés. Pourquoi? Parce qu'ils comptent parmi les plus grands consommateurs de produits de pharmacie et ne sont pas toujours très vigilants sur l'origine de leurs achats. On pense au marché des produits de l'effort qui se développe sur Internet ou, pire encore, à celui du dopage. L'opacité de ces filières favorise clairement l'écoulement de marchandises contrefaites. Au fil des rares enquêtes qui aboutissent, on découvre l'existence de réseaux de faux stéroïdes anabolisants, de faux stimulants, de faux bêta-bloquants, voire même de faux anxiolytiques. Certains fabricants ne reculent devant rien! Il y a quelques années, on évoquait l'existence d'un atelier de confection artisanale de perfluorocarbones (PFC) à base d'une émulsion de jaunes d'Œuf à laquelle on ajoutait des PFC industriels, utilisés notamment pour le revêtement anti-adhésif des poêles à frire. L'acheteur était censé se l'injecter dans les veines! On a aussi formellement identifié en Biélorussie un laboratoire clandestin pour la fabrication d'érythropoïétine (EPO). On tremble lorsqu'on connaît les difficultés de production rencontrées par les plus grands laboratoires pharmaceutiques.

Faux et usage de faux

Ce manque de transparence contribue évidemment aux nombreux dangers du dopage et les conséquences peuvent être tragiques. On estime en effet que la contrefacon médicamenteuse serait responsable de dizaines de milliers de décès dans le monde depuis le début des années 1990, notamment lorsque l'excipient pharmaceutique propylène glycol est remplacé par de l'antigel pour moteurs. On trouvera certainement des sportifs parmi ces décès. Certains rêves de gloire peuvent ainsi facilement tourner au cauchemar.

Publié par Gilles Goetghebuer, journaliste santé, et le Dr P. Laure le 06/12/2005 - 00h00
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