On entend régulièrement dire que pour écŒurer un enfant du tabac, on peut lui proposer de fumer une première cigarette en dehors de ses copains, pour qu'il se rende compte à quel point c'est mauvais. C'est un vrai piège !

La première cigarette est-elle innocente ?
Non, c'est la pire et les chiffres sont éloquents : quand cette première cigarette
est fumée entre 11 et 12 ans, elle augmente par 6 la probabilité de fumer régulièrement
l'année suivante, par 3 la deuxième année et encore par 2 la troisième année.
Autrement dit, pour une cigarette fumée entre 11 et 12 ans, il faudra attendre 4
ans, soit que l'enfant ait atteint 16 ans pour que le sur-risque soit annulé !
Ceci est d'autant plus important à comprendre que 8 adolescents sur 10 vont s'essayer
au tabac pendant les humanités et qu'au final un sur deux, soit 40%, restera
accroché au tabac. Le plus terrible c'est que lorsqu'on leur demande s'ils sont
sûrs de pouvoir arrêter quand ils le veulent, ces jeunes répondent par l'affirmative à
80%. C'est la grande illusion de cette drogue qui doit vraiment être considérée comme
une drogue dure.
Pourquoi cette première cigarette est-elle si puissante ?
L'explication des neurobiologistes est qu'elle suffit à entraîner des modifications
durables du cerveau. La cigarette est en effet une drogue car la nicotine se lie à
des récepteurs spécialement adaptés à elle : les récepteurs nicotiniques. Il en est de
même de la morphine et des autres opiacés avec les récepteurs morphiniques, et du
cannabis avec les récepteurs cannabinoïdes. Eh bien, dès la première cigarette,
l'organisme fabrique davantage de récepteurs nicotiniques, ce qui rend l'enfant plus
vulnérable.
Une autre explication est plus comportementale. La première cigarette est
généralement fumée en imitant la contenance des grands
Cette impression va
marquer l'enfant qui sera tenté de reprendre plus facilement.
Un quart des enfants ont déjà fumé à l'âge de 11-12 ans. Maintenant, nous disposons
d'un argument de plus pour les protéger avec bienveillance et fermeté du tabac.