En avril dernier, le pays a appris avec inquiétude qu'au cours du premier trimestre, quelque 50 nouveaux cas de syphilis avaient été recensés à Anvers; 17 cas émanaient d'un même centre, l'Institut de Médecine Tropicale.

L'Institut Scientifique de Santé Publique (ISSP), qui dispose d'un réseau de laboratoires "vigies", a enquêté pour savoir s'il y avait réellement une tendance à l'augmentation des cas de syphilis au cours des deux dernières années ou s'il s'agissait simplement d'un banal concours de circonstances à Anvers.
Influence du milieu
L'attention a été attirée lorsque, sur une période très courte, 17 homosexuels masculins de mŒurs très libres ont été vus pour syphilis à la consultation pour les maladies sexuellement transmissibles (MST). La maladie a été considérée comme une curiosité, même par les spécialistes MST, tant le nombre de cas découverts est aujourd'hui limité. Cette recrudescence n'était pourtant pas totalement inattendue puisque d'autres villes européennes comme Amsterdam, Bristol, Manchester et même Saint-Pétersbourg avaient déjà signalé une augmentation du nombre de cas. Que cette augmentation se produise dans le milieu de la prostitution et le milieu homosexuel n'a peut-être rien d'étonnant, mais une telle augmentation des porteurs potentiellement contagieux est à prendre au sérieux. C'est pourquoi les généralistes anversois ont recu un courrier visant à "rafraîchir" leurs connaissances à propos de la syphilis et de son traitement.
Et en Belgique?
Normalement, 129 laboratoires de microbiologie clinique – un peu plus de la moitié de l'ensemble des laboratoires belges – communiquent chaque jour ou chaque semaine à l'ISSP le nombre de cas identifiés d'une sélection de maladies infectieuses. La syphilis ne figure plus sur cette liste, puisque, avec environ 20 nouveaux cas par an en Belgique, cette maladie vénérienne n'est plus jugée suffisamment importante pour justifier une surveillance étroite. Bien entendu, on s'efforce actuellement de trouver des chiffres fiables; il apparaît que depuis le milieu de l'an 2000, le nombre de cas actifs a triplé. Malheureusement, l'examen de sang ne permet pas de faire la différence entre les infections "anciennes" et les infections "récentes". Une raison de plus pour aller jusqu'au fond de l'affaire, ce qui est le cas.