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La rage des stéroïdes

Publié par Gilles Goetghebuer, journaliste santé le 01/04/2003 - 00h00
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Aux Etats-Unis, l'expression "steroïd rage" (la rage des stéroïdes) est devenue un classique devant les Tribunaux. On l'évoque comme un avatar monstrueux du sport. Mais de quoi s'agit-il ?

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Tout le monde le sait désormais : le sport est excellent pour la santé. Il permet le renforcement de nombreux organes : cŒur, poumons, squelette, etc. Mais ce n'est pas tout ! Dans la liste de ses bienfaits, on oublie souvent de mentionner qu'il participe à l'entretien des filières de production hormonale, notamment la testostérone.

La vitamine de l'effort

Sans entrer dans les détails, rappelons que la testostérone est une hormone produite essentiellement par les testicules chez l'homme et, dans une moindre mesure par les ovaires et les glandes surrénales chez la femme. Entre autres effets, elle participe au renforcement de la musculature des garcons à la puberté. Elle atteint un pic vers l'âge de 18 ans, puis décline lentement tout au long de l'existence. Le sport permet donc de maintenir sa production au meilleur niveau. Mais évidemment, cela ne suffit pas à contrarier totalement le déclin. Aussi, certains sportifs sont-ils tenté par la consommation de substances (stéroïdes anabolisants) qui reproduisent les effets de la testostérone de facon artificielle. Avec un bon entraînement et une ration riche en protéines, cette méthode permet effectivement de gagner de la force. Dans les années 60, on présentait ces ersatz hormonaux comme "les vitamines de l'effort". Ensuite, on s'est apercu des risques qu'ils faisaient courir à l'organisme, notamment de cancers et pathologies cardio-vasculaires. On a alors voulu l'interdire par toutes sortes de règlements antidopage. Mais sa consommation était déjà devenue pratiquement incontrôlable.

La testostérone s'est évadée!

L'impact que peuvent avoir ces stéroïdes anabolisants sur la musculature saute aux yeux. Mais d'autres effets de leur consommation sont beaucoup moins connus, notamment ceux sur le psychisme. En clair, ces produits rendent plus agressif, plus entreprenant et parfois plus violent. Dès les années 50, on enregistrait les premiers drames liés à la consommation de stéroïdes: viols, meurtres, suicides. Aux Etats-Unis, de nombreuses affaires continuent de voir le jour qui impliquent des sportifs célèbres. Dans le livre intitulé "Criminals who play in the NFL", on apprend ainsi qu'un tiers des joueurs de football américain ont déjà eu maille à partie avec la Justice! Plus inquiétant encore: ces habitudes de consommation des champions déteignent sur l'ensemble de la population. Selon les sondages, on apprend que la consommation des stéroïdes concerne jusqu'à 5% des lycéens américains! Là-bas, il s'agit déjà d'un problème de santé publique. Chez nous, heureusement, c'est encore loin d'être le cas. Mais méfions-nous tout de même de cette banalisation d'un recours aux hormones.

Publié par Gilles Goetghebuer, journaliste santé le 01/04/2003 - 00h00 Pros & Cons: Criminals who play in the NFL, Jeff Benedict & Don Yaegers, 1999 Sport et Vie N°59, Mars 2000, Front du dopage, Dr.JP de Mondenard, p.65 BERMOND B. (1977) Hormonen en agressief gedrag. in: P. Wiepkema & J. van Hooff (Eds.) Agressief Gedrag: Oorzaken en functies. Bohn, Scheltema & Holkema, Utrecht, pp. 291- 308.
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