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Pourquoi et comment protéger les yeux des enfants face à un écran ?

Mise à jour par Isabelle Eustache, journaliste Santé le 08/09/2015 - 23h15
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Dès leur plus jeune âge, nos enfants passent de plus en plus de temps devant un écran (télé, ordinateur, tablette, smartphone, console de jeux). Nombre de parents se demandent si cette habitude peut à la longue affecter leur vision et si la lumière bleue émise par ces écrans comporte des risques avérés. En bref, quels sont les risques des écrans et comment protéger les yeux de nos enfants, et les nôtres ?

Le point avec le Dr Oliver Laplace, chirurgien ophtalmologiste à Paris.

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Les écrans peuvent-ils entraîner des troubles visuels chez nos enfants ?

Non, les écrans ne provoquent pas de troubles visuels. En revanche, leur usage intensif a été associé au « computer visual syndrome » pour reprendre le terme employé outre-Atlantique. Il désigne un ensemble de symptômes plus ou moins gênants : fatigue des yeux, picotements, sècheresse oculaire, maux de tête, etc. À noter qu’une utilisation intensive des écrans peut aussi entraîner des troubles musculosquelettiques avec des douleurs dorsales, des épaules, de la nuque, voire un syndrome du canal carpien ou une tendinite du pouce pour les plus assidus aux textos…

Ces symptômes ne sont pas spécifiques aux enfants ou aux ados, ils se rencontrent aussi chez les adultes qui travaillent ou passent leurs loisirs devant toute sorte d’écrans. 

« Ces manifestations sont directement liées aux conditions d’utilisation (éclairage, posture, durée d’usage, etc.) et au fait que face à un écran, le clignement des yeux est réduit de moitié, favorisant l’évaporation des larmes (protectrices de la cornée) et altérant la qualité de vision. Ce phénomène est d’autant plus accentué que l’environnement est sec, surchauffé ou climatisé », précise le Dr Oliver Laplace, chirurgien ophtalmologiste au Centre hospitalier national d'ophtalmologie des Quinze-Vingt à Paris.

Dès la moindre plainte, des mesures préventives s’imposent : bien se positionner face à l’écran, faire très régulièrement des pauses visuelles (notamment en se forçant à regarder au loin), se placer correctement par rapport à la lumière extérieure afin de limiter l’éblouissement, éviter les écrans dans une pièce trop sombre, etc. En effet, « l’ambiance lumineuse est très importante », souligne le Dr Laplace.

Enfin, il convient de s’assurer de l’absence d’un défaut de convergence jusque-là passé inaperçu. Il faut bien comprendre que « devant un écran, nous utilisons une stratégie visuelle différente de celle employée lors des autres activités de la vie quotidienne. Celle-ci peut mettre en évidence un léger trouble de convergence qui fatigue davantage les yeux ». La correction se fait alors en collaboration avec un orthoptiste lors de séances de rééducation visuelle.

En quoi la lumière bleue émise par les écrans est-elle dangereuse ?

D’un point de vue physiologique, la lumière bleue est partout car elle fait partie du spectre visible. Elle est essentielle, elle nous permet par exemple de distinguer les couleurs : « il n’est donc pas question de l’éliminer de notre champ visuel ». En revanche, au cours de la dernière décennie, les éclairages utilisant des ampoules LED se sont littéralement imposés. Elles émettent une lumière bleue très intense et sont devenues omniprésentes dans notre environnement : éclairages publics (dans les rues, les hôpitaux, les gymnases et tout autres lieux publics), au travail, à la maison et systématiquement derrière tous nos écrans (télés, ordinateurs, tablettes, smartphones, consoles de jeux…). Au final, nous sommes beaucoup plus exposés à la lumière bleue qu’auparavant, à la fois en durée et en intensité.

C’est pourquoi lors d’une opération de la cataracte, qui consiste à remplacer un cristallin défectueux par un implant, on veille à équiper celui-ci d’un filtre anti-lumière bleue pour ne pas se retrouver comme dans l’enfance avec un cristallin perméable.

Or les effets sur notre santé ne sont pas encore bien connus. « Il est toutefois bien établi que la lumière bleue est potentiellement plus toxique chez les enfants que chez les adultes » indique le Dr Laplace. En effet, « leur cristallin est très perméable, laissant passer 90 à 80 % de la lumière bleue. Ce n’est qu’ensuite, avec l’âge, que le cristallin change progressivement de texture et filtre de mieux en mieux cette lumière bleue ».

Ainsi, pour la même quantité de lumière bleue, le pourcentage qui arrive sur la rétine diffère nettement chez l’enfant et chez l’adulte.

Initialement publié par Isabelle Eustache, journaliste Santé le 29/08/2015 - 22h51 et mis à jour par Isabelle Eustache, journaliste Santé le 08/09/2015 - 23h15

En collaboration avec le Dr Oliver Laplace, chirurgien ophtalmologiste au Centre hospitalier national d'ophtalmologie des Quinze-Vingt à Paris.

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