Le sport fait grossir le coeur dans des proportions telles que les médecins n'hésitent pas à parler de "coeur d'athlète".
Mais est-ce bon pour les sportifs ?

Le coeur d'athlète est connu depuis longtemps
Il y a un peu plus d'un siècle, un chercheur scandinave publiait le premier article scientifique consacré au coeur d'athlète. Sans autre outil que ses dix doigts, Henschen avait identifié une série de particularités cardiaques chez les skieurs de fond, notamment un développement inhabituel des cavités et un rythme cardiaque particulièrement lent. Toutes ses observations furent confirmées plus tard avec les techniques d'imagerie médicale.
Un coeur d'athlète peut aller jusqu'à doubler sa capacité habituelle. Pour une personne sportive de 70 kilos, il atteindra facilement 1 litre et demi contre 750 ml pour un sédentaire.
Rien d'anormal à cela. Au contraire, un gros coeur témoigne d'une bonne adaptation aux efforts. C'est une des raisons pour lesquelles les médecins encouragent à faire du sport, surtout des disciplines dites "d'endurance" comme le vélo, la course à pied, la natation.
En clair, en faisant du sport, on muscle son coeur !
Coeur de sportif ou coeur malade ?
Pour ceux qui pratiquent le sport de façon vraiment intensive, ce développement peut prendre des allures impressionnantes... au point d'inquiéter les spécialistes. Le coeur du sportif en vient à ressembler à celui que l'on décrit dans le cadre de certaines pathologies. Pour le médecin, il est alors très difficile de ne pas se tromper.
Or, ici, un faux diagnostic brise des vies : soit qu'on interdise la poursuite d'une passion, soit qu'on lance dans la compétition des individus qui présentent des risques cardiaques. Par le passé, plusieurs jeunes sportifs virent ainsi leurs espoirs inutilement sacrifiés pour avoir présenté des signes cardiaques qui démontraient seulement leur bonne adaptation à l'effort. On conseilla même à Eddy Merckx, alors âgé de 19 ans, de mettre un terme à sa carrière, après lui avoir découvert une pseudo-anomalie à l'électrocardiogramme, ce qui était probablement le signe d'un spectaculaire coeur d'athlète.
Mais on connaît aussi le cas inverse de sportifs frappés par la mort subite dans la fleur de l'âge parce que personne n'avait pu déceler leurs problèmes circulatoires.
La frontière de la dangerosité est plutôt floue, mais il existe cependant différents moyens d'analyse : électrocardiogramme, échographie, test d'effort, examen Doppler ou même biopsie. Malgré tout, il arrive que le doute subsiste.