Notre alimentation est déséquilibrée en acides gras essentiels. Elle comporte trop peu d'oméga-3 et trop d'oméga-6. Ces turbulences diététiques créent un environnement inflammatoire propice au développement du cancer. Manger plus de poisson suffirait déjà à contrer la progression de la maladie

Dans la recherche contre le cancer, les données sur les oméga-3 existent, mais restent controversées ou en tout cas peu significatives. Il semble ainsi qu'ils (s'ils sont présents en plus grandes quantités que les oméga-6 dans l'assiette) diminuent le risque de cancer du sein, du côlon, du poumon et de la prostate. Leur activité salvatrice se marquerait par une réduction du potentiel métastatique des cellules cancéreuses. Mais ce sujet partage encore les scientifiques aujourd'hui.
Oméga-3 versus acides gras saturés
Pour tenter d'apporter de nouveaux éclaircissements à cette relation ambiguë des oméga-3 envers le cancer, des chercheurs japonais de l'Ecole de Médecine de l'Université de Nagoya ont suivi 74 personnes atteintes d'un cancer du côlon et 221 en bonne santé. Les scientifiques ont analysé le contenu en acides gras des globules rouges ou érythrocytes et réalisé une enquête alimentaire sur la consommation de poisson, de graisse et d'acides gras.
Le verdict est assez spectaculaire. Les concentrations les plus importantes en DHA (un des principaux oméga-3 des poissons gras) retrouvées dans le sang des volontaires diminuent le risque de cancer colorectal de 74% en comparaison des plus faibles concentrations. Autre constat, négatif, celui-là : une concentration excessive d'acides gras saturés (abondants dans les aliments animaux ou l'huile de palme) dans les globules rouges élèverait le risque de cancer du gros intestin de
720% !
Pire encore, plus les concentrations en acides gras saturés sont supérieures aux teneurs en oméga-3 dans les membranes cellulaires des hématies, plus le danger est important : le risque de cancer grimpe à 845%...
Du poisson pour noyer le feu
Ces données ont de quoi faire peur, mais doivent être relativisées ou, en tout cas, demandent des vérifications à grande échelle. Elles confirment l'extraordinaire faculté des oméga-3 à contrer l'inflammation dans l'organisme. Or, le cancer est clairement une maladie inflammatoire, qui régresse lorsque l'on utilise des molécules anti-inflammatoires, qu'elles soient médicamenteuses ou alimentaires. Mais se gaver d'oméga-3 ne guérira pas le cancer du jour au lendemain, car la maladie est complexe et d'origine multifactorielle, comme le démontrent les études épidémiologiques.
Manger plus de poisson, en revanche, est un vrai geste anticancéreux au quotidien. L'étude EPIC (European Prospective Investigation into cancer and Nutrition), qui évalue depuis plusieurs années les habitudes alimentaires et de style de vie de 500.000 Européens est sans équivoque. Les individus qui mangent moins de 14 g de poisson par jour (c'est le cas de tous les Belges), qu'il soit gras ou maigre, ont 40% de risque en plus de développer un cancer du côlon que ceux qui en mangent 50 g
Et si, au menu, vous ajoutez régulièrement des champignons, des choux, du soja, des algues, de la graine de lin, des épices et aromates, des probiotiques, de l'ail, de la tomate, des petits fruits, des agrumes, du thé vert, du vin rouge et du chocolat,
le corps se forge un puissant bouclier !