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La mort d'Achille

Publié par Gilles Goetghebuer, journaliste santé le 26/04/2005 - 00h00
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Chaque année, de nombreux sportifs subissent une rupture du tendon d'Achille. Il s'agit d'une blessure invalidante. Heureusement, de nouvelles techniques de réparation ont modifié de facon radicale le processus de guérison.

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Un tendon sous haute tension

Le rôle précis du tendon d'Achille est de transmettre à l'articulation de la cheville toute la force de contraction des muscles du mollet. Dans la bascule du pied au moment d'un saut ou lors de la course, ce tendon doit résister à des forces de plus de 300 kilos. Avec la faible élasticité habituelle des tendons, cette structure pourrait se rompre à la moindre impulsion. Heureusement, le tendon d'Achille est assez différent de ses congénères. Une architecture spiralée lui confère un rapport d'extensibilité de l'ordre de 20%.Evidemment, cette spécificité doit être patiemment entretenue. A défaut, le tendon risque de se fragiliser. La première cause de lésion doit être recherchée dans une insuffisance du travail d'assouplissement. L'autre danger est celui de la déshydratation. Le tendon possède des cellules hydrophiles qui doivent être gorgées d'eau pour maintenir les propriétés mécaniques. La moindre déshydratation pendant ou après l'effort fait le lit de l'inflammation et de la rupture. Enfin, ce tendon est richement innervé, ce qui explique peut-être pourquoi les soucis, les chocs émotifs, les tensions psychiques entrent souvent en jeu dans l'étiologie des ruptures.

Attention, fragile!

Une rupture du tendon d'Achille n'est pas forcément précédée de douleurs. Ce qui ne veut pas dire qu'elle est imprévisible. Très souvent, des micro-lésions apparaissent dans les tissus à la manière d'une corde qui s'effiloche. La cicatrisation produit alors des nodules, sorte de petites "boules" inflammatoires qui lui font perdre ses propriétés élastiques. Parfois, on note aussi l'apparition de petites cavités qui constituent autant de points de fragilité. Ces lésions anatomiques souvent silencieuses sont bien mises en évidence par des techniques comme la résonance magnétique nucléaire. Il arrive qu'on recourre à de tels examens dans un but de prévention. Car, en situation d'usure extrême, le tendon fragilisé peut se rompre à tout moment, même dans le simple geste d'enjamber un trottoir. Heureusement, il jouit d'un fort pouvoir de cicatrisation. Très vite, des ponts s'établissent entre les extrémités tendineuses, à condition d'être au contact l'une de l'autre. Classiquement, on confectionne un plâtre avec le pied en extension et on recommande un repos complet sans appui pendant 4 semaines, puis avec une talonnette de marche pendant encore 4 semaines. Dans la majorité des cas, ce traitement donne de bons résultats. Mais pour le sportif de haut niveau, il n'offre pas toutes les garanties de sécurité. Car, si le tendon d'Achille guérit relativement vite, une faible irrigation le laisse dans un état de grande fragilité. Pour le sportif qui cherche la performance, il y a risque que cette cicatrice "naturelle" ne tienne pas. On doit alors se tourner vers la chirurgie. Seulement, on ne recoud pas un tendon comme un accroc du pantalon. La suture simple s'avère souvent insuffisante. Des techniques dites de plastie ont alors été mises au point qui nécessitaient parfois un prélèvement au niveau du muscle du mollet pour renforcer l'attache. Efficace, certes, mais cela posait divers problèmes d'infection, de défaut de montage ou de nécrose de la peau ou des tendons.

Publié par Gilles Goetghebuer, journaliste santé le 26/04/2005 - 00h00
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