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Les morts subites de jeunes sportifs sont très choquantes, et toujours tragiques. Il a donc été évoqué la possibilité de dépister les causes cardiaques de ces morts subites pour prévenir les décès. La raison pour laquelle cette idée a été abandonnée est un bon exemple des pièges des dépistages…

Faux positifs et faux négatifs : les dépistages et leurs inconvénients
Dans le cadre d'un dépistage, on parle de faux positifs pour les patients à qui l'on croit trouver la maladie (ou la malformation), mais qui ne l'ont en réalité pas. Un faux négatif à l'inverse, est un patient à qui l'on a dit qu'il n'avait pas la maladie… Mais qui l'a quand même.
Les inconvénients liés à un faux négatif sont immédiatement visibles : la maladie qui n'est pas détectée ne sera pas traitée, et le patient reste malade. Ce que l'on sait moins, c'est que les faux positifs sont eux aussi délétères. Ils entraînent des traitements qui ne sont pas nécessaires, mais aussi une angoisse parfois importante, des changements de style de vie qui ne seraient pas nécessaires, etc. Le plus triste, c'est que les victimes de ces dommages seront persuadées d'avoir échappé à un sort bien pire, alors qu'elles auraient pu simplement continuer leur vie comme avant.
Pourquoi ne pas dépister les causes de mort subite?
Le KCE vient de publier une étude qui affirme qu'il serait cotnre-productif de dépister les causes cardiaques qui peuvent mener à une mort subite chez tous les sportifs. La raison ? Ces morts sont très rares, au plus une dizaine de cas sur des millions de jeunes sportifs. À ce stade de la réflexion, on pourrait se révolter : une seule mort chez un jeune sportif, n'est-ce pas déjà trop ? Ne devrait-on pas tout faire pour l'éviter, et en particulier un dépistage qui n'entraîne pas de risque ?
Suaf qu'un dépistage qui n'entraîne pas de risque, cela n'existe pas. En l'occurrence, dépister toutes les causes de mort subite (il y en a une quarantaine selon le KCE) chez tous les jeunes qui font du sport, en club ou en privé, aurait bien des conséquences. Le KCE estime le nombre de faux positifs à 5 à 30 % des cas. Cela signifie des dizaines de milliers de jeunes qui vont subir l'angoisse d'un diagnostic, et parfois des interventions pour soigner leur coeur. Or ces interventions ont leurs risques aussi, et il est parfois plus important que celui de la mort subite !
Conclusion : le dépistage est un instrument très puissant, puisqu'il permet de soigner une maladie avant qu'elle ne fasse de dégât. Mais il serait trop tentant d'y voir une solution universelle : multiplier les contrôles et dépistages en espérant se protéger contre tous les risques de la vie est illusoire. Mieux vaut se concentrer sur les dépistages qui en valent vraiment la peine : cancer colorectal à partir de 50 ans, cancer du sein entre 49 et 65… et tous les autres dont vous pourrez discuter avec votre médecin.