Lorsqu'on parle de génétique et de génome, le spectre du clonage apparaît immédiatement. C'est oublier un peu vite que cette information permet de poser des diagnostics très précis et de donner des réponses thérapeutiques tout aussi précises.

Ainsi une jeune société namuroise, EAT S.A. (Eppendorf Array Technology S.A.) a développé une technique basée sur la détection des gènes présents dans certaines maladies. Les chercheurs ont alors mis au point un système spécifique permettant de déceler la présence ou non d'une bactérie ou d'une cellule cancéreuse dans un échantillon. Pour comprendre ce qui se passe, des morceaux du gène recherché, de l'ADN (sorte de carte d'identité génétique), sont " collés " sur une plaque spéciale. L'échantillon est placé en présence de l'ADN de la plaque. Si le gène recherché est présent, il y a réaction, sinon il ne se passe rien. L'ensemble de ce système de détection est appelé " biochips ". Ce système a été breveté par EAT S.A., une société (spin-off) issue des laboratoires de recherches des Facultés Universitaires Notre-Dame de la Paix de Namur (FUNDP).Prenons le cas d'une maladie due à un microbe. La difficulté que rencontrent les laboratoires pour déceler une bactérie, par exemple, est double. D'une part, ils éprouvent parfois des difficultés à l'isoler ; d'autre part, il en existe souvent différentes souches qui peuvent être ou non résistantes à un antibiotique.
Trouver les résistants
De plus, il faut souvent multiplier les tests sur l'ensemble des patients se trouvant dans un service hospitalier. Cela prend du temps et les traitements sont, dans ce cas, souvent différés, ce qui peut se révéler dangereux. L'équipe namuroise du Pr José Remacle (FUNDP) a mis au point un test génétique pour une bactérie très particulière : le staphylocoque. Ce germe se trouve partout dans notre environnement ; on en connaît plusieurs. Certaines sont résistantes aux antibiotiques : les MRSA, Methicillin Resistant Staphylococcus Aureus. Or, pouvoir reconnaître cette bactérie dès qu'elle est présente dans un hôpital est vital pour les patients qui y résident ! Le test habituel prend environ 48 heures par le système classique, grâce au système namurois ce délai peut être réduit de moitié, voire du quart, et, dans un avenir proche, les chercheurs espèrent pouvoir fournir le résultat en 2 heures ! Ceci évitera que de tels germes puissent se répandre et de placer des patients en isolement, ce qui coûte cher et est potentiellement traumatisant.
Pour le cancer aussi…
De la même manière, un test destiné à évaluer l'agressivité d'un cancer du sein a été mis au point en collaboration avec l'Institut Bordet. On se souviendra que la firme Myriad Genetics avait relevé le prix de son test, permettant de découvrir si une femme était à risque de cancer du sein, de 250 euros environ à 3000 euros (lire aussi " Dépistage du cancer du sein : plus chers !"). Ceci avait soulevé une petite révolution en Europe. Au-dessus de la mêlée, les chercheurs namurois ont contourné le problème. Comme il n'était pas possible de détecter les gènes de susceptibilité eux-mêmes, puisque leur utilisation est brevetée par la firme américaine, ils ont découvert qu'il était possible d'arriver aux mêmes résultats en testant 40 gènes. Difficile d'imaginer de réaliser un tel travail manuellement. Grâce aux biochips , les chercheurs peuvent en effectuer plusieurs dizaines en même temps. En les placant sur de simples CD enregistrables, il est possible d'en produire plusieurs centaines. Le CD reste d'ailleurs enregistrable pour les résultats ! La lecture des tests ne pose pas non plus de difficultés puisque celle-ci se fait de manière automatique par un ordinateur. C'est pour le même type de recherche qu'une équipe de Leuven vient de se voir décerner le Prix bisannuel de la firme Siemens (voir " Troubles du sommeil : se tester à la maison "). Le Pr Yves Moreau et ses collaborateurs ont mis au point une série de tests, notamment pour découvrir la dangerosité de tumeurs découvertes sur les ovaires.
Les prochaines découvertes dans ce domaine devraient être révélées dans le courant de l'année prochaine et leur mise sur le marché dans les 2 ans à venir… |