Certaines fractures surviennent sans choc. Dans le sport, on les appelle fractures de fatigue. Mais s'agit-il vraiment d'une maladie?

Une fracture de fatigue, c'est quoi ?
L'os est un matériau merveilleux, l'un des plus solides que l'on connaisse. En bonne santé, il peut supporter des pressions de près de deux tonnes par centimètre carré. Quatre fois plus que l'acier ou le béton armé ! Cependant, il lui arrive d'être rongé de l'intérieur, exactement comme un morceau de bois vermoulu. Cette fragilisation osseuse connaît différentes origines, au premier rang desquelles se trouve l'inactivité : ainsi, une personne alitée pendant un mois perd jusqu'à 50% de son capital osseux !
A l'inverse, trop de mouvement risque aussi d'user la trame osseuse. On parle alors de "fracture de fatigue" ou de "stress fracture" en anglais ou encore de "maladie de Pauzat", du nom de celui qui l'évoqua pour la première fois en 1887. A l'époque, Pauzat s'intéressait aux douleurs des jeunes militaires soumis à des marches forcées. Il émit l'hypothèse que l'os pouvait se rompre sans qu'il n'y ait forcément trace d'un traumatisme précis. Il fallut cependant attendre un siècle pour obtenir confirmation de cette intuition géniale grâce aux techniques sophistiquées d'imagerie médicale : les fractures de fatigue étaient officiellement nées.
Fractures de fatigue : de plus en plus fréquentes
Pendant des décennies, cette affection resta dans le domaine de l'anecdotique. Certes, la littérature médicale rapportait quelques cas étonnants, comme celui de cet homme de 47 ans qui s'était fracturé le radius en agrafant des feuilles, 3 heures par jour durant 3 semaines. Mais, en-dehors de ces rares communications, la fracture de fatigue n'intéressait personne. Puis, à partir des années 60, on a assisté à une étonnante multiplication des cas, liée probablement à l'apparition de nouvelles habitudes sportives -jogging, aérobic, squash, etc.- qui soumettaient des milliers de sédentaires à une répétition de contraintes inhabituelles. Depuis lors, les fractures de fatigue sont devenues la hantise de l'athlète. Elles représentent aujourd'hui 2% de l'ensemble des fractures et concernent à un moment ou l'autre de leur carrière jusqu'à 30% des coureurs à pied.