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La dépression peut nous aider à grandir

Publié par Dr Catherine Solano, adapté par Marion Garteiser le 05/08/2008 - 00h00
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Pour ceux et celles qui en souffrent, l'idée que la dépression puisse être un événement positif est certainement choquant. Pourtant, sans ignorer ou diminuer la souffrance qu'elle cause, certains psychiatres affirment qu'il s'agit d'une crise dont on peut ressortir grandi.

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Pourquoi on déprime?

"Les personnes qui ont tout pour être heureuses peuvent déprimer parce que leur image ne colle pas avec ce qu'ils sont. Je déprime parce que je me montre d'une manière fausse. Alors, je bute sur ce que je ne suis pas, sur ce que je ne montre pas de moi, ce que je n'exprime pas. Et mon idéal, je risque de le perdre à force de le garder caché à l'intérieur de moi. La dépression est alors positive parce qu'elle nous ramène à notre idéal. Le côté positif, c'est donc que la dépression peut permettre de voir ce qui est juste dans notre vie et ce qui est faux. Il existe souvent un excédent dans notre vie, une sorte de pollution. Nous nous laissons encombrer par des choses qui ne sont pas essentielles, voire nocives pour notre système à nous. Pour composer, par flemme, par esprit de compromis, nous acceptons ces pollutions, pour trouver une vie à peu près en équilibre.
Mais quand la dépression survient, ce n'est pas forcément pensé comme ca. Vous vous sentez mal sans forcément être capable d'analyser ce qui se passe. C'est comme un message de votre corps qui dit "stop". Quelque chose en vous se rebelle contre la vie que vous menez. Si l'on soigne la dépression uniquement par les médicaments, on n'écoute pas ce message. La dépression est un mécanisme qui permet de se soustraire aux tensions, de se mettre en stand-by et de réévaluer sa vie. On se met à l'écart pour faire un bilan.

La dépression, une crise de croissance?

À l'adolescence, s'est mis en place un système à penser le monde, penser sa vie. Il tient jusqu'à l'âge adulte, 5 ou 10 ans. Il est fait d'idéaux, d'idées qui ne tiennent pas forcément la route devant la réalité. Car nous sommes confrontés à d'autres modèles, d'autres systèmes de vie, des facteurs qui n'avaient pas été pris en compte à l'adolescence. Il existe alors une sorte d'immaturité affective, relationnelle, professionnelle. Quand la dépression vient, cette position d'enfant, il faut bien la lâcher à un moment donné - sinon, la vie ne nous fera pas de cadeau. Il faut abandonner l'ancien système de pensée, c'est-à-dire éliminer, tuer quelque chose. C'est cela qui nous déprime: abandonner une partie du personnage que nous nous sommes créé, lâcher notre système de pensée, ou plutôt sentir que nous devons le lâcher. On croit qu'on est dans la perte dans la dépression, alors que l'on est dans la maturation.

Publié par Dr Catherine Solano, adapté par Marion Garteiser le 05/08/2008 - 00h00 E-sante a interviewé le Dr Gérard Tixier, médecin psychiatre et auteur du livre " Eloge de la déprime " aux éditions Milan.
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