À l’école, un enfant qui hurle au moment de quitter ses parents, rien de plus banal… Comment savoir si cette scène habituelle cache un mal-être plus sérieux ? Et comment réagir ?

Difficultés à la séparation : pas grave en soi
Pour Marie Stiévenart, responsable du Service de Clinique et Psychopathologie de l’enfant à l’Université de Liège, le fait qu’un enfant crie, voire hurle, au moment de se séparer de ses parents n’est pas en soi problématique. « Se séparer de ses parents, pour un petit enfant, c’est difficile, surtout s’il faut aller vers un milieu nouveau, où il n’a pas encore ses repères. Et crier, appeler, faire du bruit, sont des comportements normaux qui signalent simplement au parent la peur vécue par l’enfant. » Il faut tenir compte aussi de l’âge : « Jusqu’à 6 ans environ, il est normal que les enfants aient peur au moment de quitter l’environnement familial, qui est le plus rassurant pour eux », complète Quentin Vassart, psychologue clinicien à Huy.
Par ailleurs, on peut rappeler aux parents stressés que les enseignants ou les accompagnants des enfants sont normalement formés à la gestion de ces situations, et qu’ils s’adapteront si l’enfant exprime un mal-être une fois que les parents sont déjà partis. C’est pourquoi le maître mot doit être « pas de panique » ! Mais cela n’empêche pas d’être vigilant. « Le trouble d’anxiété de séparation touche 5% des enfants et peut se prolonger s’il n’est pas traité » souligne Quentin Vassart.
Un signe parmi d’autres
En réalité, les cris (ou les crises) au moment de la séparation avec les parents sont un signe qui, pris isolément, ne veut pas dire grand-chose. Il faut savoir le replacer dans un contexte : l’enfant est-il bien le reste du temps ? Va-t-il vers les autres ? Passe-t-il de bonnes journées à l’école ? Les parents inquiets peuvent se renseigner auprès de l’enseignant. En gardant en tête les signes qui justifient une action rapide :
- Le comportement problématique ne diminue pas en intensité et s’installe dans la durée.
- Le comportement est systématique : pas seulement pour l’école ou les stages par exemple, mais pour aller chez les grands-parents, pour accueillir une babysitter, etc.
- L’enfant est privé, à cause de cette difficulté, d’activités ou de moments positifs, voire importants pour son développement : jouer, apprendre, rencontrer…
- Il y a un impact sur la santé physique : l’enfant s’alimente moins, a du mal à dormir, etc.
Dans ces cas, et bien sûr plus encore si l’enfant cumule plusieurs facteurs préoccupants, il est intéressant d’aller consulter un ou une psychologue. Rappelons qu’il n’y a pas d’âge minimum pour qu’un enfant puisse bénéficier d’un suivi psychologique (mais plus un enfant est petit, plus l’apport des parents à la thérapie sera important).
Marie Stiévenart, responsable du Service de Clinique et Psychopathologie de l’enfant à l’Université de Liège
Quentin Vassart, psychologue clinicien à Huy.