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Cauchemar du distilbène : en terminera-t-on un jour ?

Publié par Adaptation Pierre Dewaele, journaliste médical et scientifique le 22/04/2002 - 00h00
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Le distilbène, Œstrogène de synthèse prescrit aux femmes enceintes par le passé pour éviter les fausses couches, n'a pas fini de faire parler de lui. Déjà tenu pour responsable de malformations génitales et de cancers précoces chez les enfants exposés in utero, il provoquerait encore des malformations chez les petits-enfants.

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Découvert en 1938, le distilbène est le premier Œstrogène à avoir été synthétisé. Il a largement été prescrit aux femmes enceintes entre les années '40 et '70 pour prévenir les fausses couches. Bien que son inefficacité ait été démontrée depuis 1953 et sa dangerosité prouvée dès 1966, il a malgré tout continué d'être prescrit jusqu'en 1971 aux Etats-Unis et jusqu'à la fin des années 70 en Belgique.

Trois générations

Ces effets néfastes ont été largement décrits, notamment chez les filles des femmes ayant suivi ces traitements : cancer du vagin chez les fillettes, malformations génitales conduisant à la stérilité ou à des fausses couches à répétition, malformations génitales chez les garcons.Mais le distilbène n'a pas encore dit son dernier mot. Une étude hollandaise montre aujourd'hui que les petits-fils des femmes traitées sont aussi atteints. Le risque de malformation génitale est multiplié par 20 chez ces enfants. 2 % d'entre eux présentent en effet un hypospadias, malformation au niveau de la verge, alors que ce risque est très faible (0,09 %) chez les garcons dont les mères n'ont pas été exposées au distilbène in utero.

Autres risques

Ces résultats suggèrent donc clairement un effet transgénérationnel du distilbène chez l'homme, bien qu'ils demandent encore à être confirmés. Cependant, des études antérieures menées sur des animaux ont déjà démontré un effet du distilbène sur les femelles de la troisième génération, avec augmentation du risque de cancer génital.Pour toute consolation, on peut sans doute espérer, comme le fait remarquer l'épidémiologiste Sonia Hernandez-Diaz de l'Université de Boston, que " les connaissances acquises au fil des années sur la débâcle du distilbène " puissent " guider les recherches sur les risques potentiels associés aux oestrogènes présents dans notre environnement ", qu'ils soient des oestrogènes de synthèse, des phyto-oestrogènes présents dans l'alimentation ou encore des pesticides.

Publié par Adaptation Pierre Dewaele, journaliste médical et scientifique le 22/04/2002 - 00h00 Hernandez-Diaz S., The Lancet, mars 2002 ; Vol. 359, 1012-1107 et 1081-1082.
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