Blog : " Le blog de la Rédaction "
Selon une récente étude et contrairement à ce que l’on croyait, les ados qui consomment de la marijuana ne voient pas leur intelligence diminuer pour autant. Les choses sont un peu plus compliquées que cela…

Le « pétard » a mauvaise réputation
On sait que la consommation de cannabis est vue d’un mauvais œil par les parents. Avec raison, dans bien des cas : toujours illégale, cette consommation est aussi mauvaise pour les poumons si le cannabis est fumé, et surtout pour l’équilibre mental : les consommateurs souffrent en effet plus que les abstinents de divers troubles mentaux, y compris la schizophrénie.
Mais on peut apparemment redorer la réputation du cannabis dans un domaine : il ne rend pas idiot ! Ou en tout cas, pas tout seul. Et ce, même si les consommateurs de cannabis ont en moyenne un QI inférieur aux abstinents.
Pour parvenir à cette conclusion, une étude récente s’est penchée sur des paires de jumeaux au moment de l’adolescence. Les jumeaux sont intéressants parce qu’ils permettent de comparer les trajectoires de personnes qui sont dans les mêmes conditions familiales, économiques, sociales et culturelles. Résultat : il n’y a pas de différence entre les QI de deux jumeaux dont un consomme du cannabis et l’autre pas, même quand on compare les extrêmes (un jumeau qui n’a jamais consommé et un autre qui en a consommé plus de trente fois, ou quotidiennement pendant au moins un moment). Les chercheurs en déduisent que ce n’est pas le cannabis même qui fait diminuer le QI mais que de mêmes causes favorisent à la fois la consommation de cannabis et la diminution du QI. La délinquance y est d’ailleurs fréquemment associée.
Ne pas se tromper d’ennemi
Il n’est pas ici question de dire que le cannabis est bon pour la santé, bien sûr. Mais se focaliser sur l’usage d’une substance semble contre-productif. Il serait beaucoup plus intéressant de se pencher sur les facteurs qui vont faire qu’un jeune va à la fois se mettre à fumer du cannabis et à avoir des comportements délinquants, tandis que son intelligence diminue. Dans quelle mesure les jeunes « à problèmes » utilisent-ils la drogue pour tenter d’aller mieux ? Un(e) ado moins intelligent(e) pourrait-il (ou elle) être plus vulnérable face à la tentation de la drogue ?
Source : Jackson, N.J. et al., PNAS, www.pnas.org/cgi/doi.10.1073/pnas.1516648113