L'automutilation, la scarification sont souvent des appels à l'aide. Lorsqu'un adolescent manifeste son mal-être en s'entaillant la peau, la meilleure manière de réagir est de l'aider à se confier, à s'exprimer autrement.

L'entaille, trace d'un mal-être
L'automutilation est d'abord le symptôme d'un mal-être. « Quand un ado se scarifie, c'est plus souvent un appel à l'aide, le signe d'une détresse qu'une envie de s'autodétruire. Cet appel à l'aide doit être pris en considération », explique Catherine Rioult, psychologue clinicienne et psychanalyste, spécialiste de l'accompagnement thérapeutique d'adolescents. Plutôt que d'automutilation, elle parle de scarification, un terme qui aide à dédramatiser et décrit mieux cette pratique chez les adolescents. « La scarification signifie qu'une personne s'entaille la peau. Le fait de laisser un trace et de provoquer un écoulement de sang sont des éléments importants, mais la blessure reste épidermique. L'automutilation sévère, comme par exemple lorsque Van Gogh se découpe une oreille, est beaucoup plus grave et associée à une pathologie plus lourde ».
La scarification est à prendre au sérieux
Les pratiques de scarification ne sont pas à prendre à la légère, mais elles ne signifient pas nécessairement qu'une personne souhaite mourir ou qu'elle souffre d’une pathologie sévère. « Les scarifications peuvent être un symptôme qui s'inscrit dans un tableau de pathologie borderline ou associées au trouble du comportement alimentaire. Elles peuvent être aussi une pratique isolée. Lorsqu'un jeune se scarifie, d'autres indicateurs doivent être pris en considération pour évaluer la gravité de la situation. Est-ce que les résultats à l'école se dégradent ? est-ce qu'il ou elle entretient des relations d'amitié ou est-ce qu'il est seul, isolé ? Il est nécessaire de connaître le contexte pour réagir adéquatement », poursuit Catherine Rioult.
Catherine Rioult est l'auteure de "Ados : scarifications et guérison par l'écriture", Editions Odile Jacob, 2013 (http://catherinerioult.com).