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Y a-t-il un sportif dans l'avion?

Publié par Gilles Goetghebuer, journaliste santé le 20/05/2003 - 00h00
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Les sportifs doivent-ils se méfier des voyages en avion ? Cette question pourrait paraître incongrue si l'on n'enregistrait chez eux une fréquence particulièrement élevée d'accidents vasculaires. Explications !

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Lors d'un récent congrès d'Angiologie, le chercheur Michael J. Reynolds a présenté les résultats d'un travail surprenant qui reliait le sport et la Thrombose Veineuse Profonde (TVP), une maladie plus connue dans le grand public sous le nom de "Syndrome de la classe économique". De fait, elle se déclare souvent après un long voyage en avion, surtout lorsqu'on dispose de peu de place pour étendre les jambes. Des caillots se forment alors au niveau du mollet, ce qui s'accompagne de douleurs locales dans 50% des cas. Plus grave : il arrive que ce caillot se décroche de la paroi veineuse et soit emporté dans le flux sanguin comme une pierre arrachée à la berge par le courant d'une rivière. Il remontera vers le cŒur, d'où il sera envoyé vers les poumons dans un dédale d'artères et d'artérioles qu'il viendra forcément boucher. C'est l'embolie! Privée d'oxygène, la victime peut perdre connaissance et même la vie. Ce type d'accident survient parfois au moment où le passager se lève pour sortir de l'avion. Mais l'embolie peut également frapper après plusieurs jours, voire plusieurs semaines. Au retour d'un voyage, il faut donc prendre au sérieux des signaux comme des douleurs aux mollets et/ou au thorax, une sensation anormale d'essoufflement, la présence de sang dans les crachats, a fortiori si ces symptômes sont accompagnés de syncopes.

Thrombose du ciel

Cette Thrombose Veineuse Profonde fait chaque année des milliers de victimes. Jusqu'à présent, on pensait qu'elle concernait surtout les personnes sujettes aux varices et à l'embonpoint. Or, d'après les résultats de cette enquête, les sportifs constituent le premier groupe à risque ! Deux raisons pourraient expliquer ce phénomène. D'abord, la fluctuation importante de l'irrigation sanguine à laquelle sont soumises leurs masses musculaires. Ensuite, l'existence de microtraumatismes et une susceptibilité accrue à la coagulation. Les sportifs doivent donc prendre conscience des dangers à l'approche d'un long déplacement en avion et prévoir si possible une escale de quelques jours, comme l'ont fait les équipes anglaise et irlandaise lors de la Coupe du Monde de football au Japon. On leur conseillera également de porter des bas de contention pendant le voyage, de boire beaucoup d'eau et de faire régulièrement quelques pas dans l'allée centrale pour relancer la circulation. Enfin, il faut apprendre à reconnaître les symptômes d'une thrombose veineuse profonde pour ne pas commettre l'erreur fréquente de les confondre avec une crampe ou une déchirure musculaire. Dans son exposé, Michael J. Reynolds citait l'exemple d'une femme de 38 ans qui, au retour d'une compétition de rollers à Calgary, se mit à souffrir atrocement du mollet. Pendant 4 semaines, les médecins interprétèrent ses douleurs comme de banals problèmes musculaires et prescrivirent des analgésiques de plus en plus puissants. Finalement, la patineuse se rendit aux urgences d'un grand hôpital où une échographie révéla l'origine veineuse du problème. Un traitement à base d'héparine mit aussitôt fin à ses tourments. L'histoire finit bien. Malheureusement, c'est loin d'être toujours le cas !

Publié par Gilles Goetghebuer, journaliste santé le 20/05/2003 - 00h00 www.airhealth.org
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