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Transplantation fécale : des bactéries greffées pour guérir l’intestin

Mise à jour par Marion Garteiser, journaliste santé le 02/03/2015 - 12h35
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La transplantation fécale, un procédé peu ragoûtant à la base – implanter dans un intestin les bactéries fécales d’une autre personne. Mais le résultat semble très efficace…

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Transplantation fécale, comment ça marche ?

Une transplantation fécale consiste à transplanter chez quelqu’un la flore intestinale d’une autre personne. En pratique, il faut commencer par éliminer la flore intestinale déjà en place, ce qui se fait généralement par un lavement, parfois accompagné d’une cure d’antibiotiques. Ensuite, il faut introduire les bactéries étrangères ; pour cela, on utilise tout simplement des selles. Celles-ci peuvent être introduits directement dans le rectum à l’aide d’une seringue, ou alors être mises dans une pilule qui sera avalée. En quelques heures, les « nouvelles » bactéries auront colonisé l’intestin.

Dit comme cela, la procédure n’est pas très rassurante. Les selles restent tabou dans notre société, considérées comme quelque chose de sale, et qui donne des maladies plutôt que les guérir. C’est probablement ce qui explique que la transplantation fécale n’ait fait l’objet d’aucune recherche ou presque jusqu’aux années 2000, alors qu’elle a été utilisée il y a des millénaires. Mais aujourd’hui, les informations que l’on a obtenues sur l’importance de la flore intestinale ont remis la technique au goût du jour…

Pour quoi utilise-t-on la transplantation fécale ?

La transplantation fécale est actuellement utilisée principalement pour lutter contre la colonisation de l’intestin par une bactérie bien précisée, Clostridium difficile. Elle est présente de manière normale dans notre flore intestinale, mais si elle prend trop d’importance elle entraine des diarrhées récurrentes parfois mortelles. A l’heure actuelle, cette infection est très difficile à soigner. Mais la transplantation fécale a fait ses preuves dans de nombreuses études, avec une action rapide et durable. Elle n’est cependant utilisée que depuis quelques années, donc les effets à long terme sont inconnus. Au point de vue réglementaire aussi, la transplantation fécale pose des problèmes. Considère-t-on les selles transplantées comme un tissu ? Un organe ? Un médicament ? Et vue l’importance de la flore intestinale dans des aspects très variés de la santé, comment s’assurer que l’on ne va pas transplanter une autre maladie ou un autre problème ? Peu d'effets secondaires ont été signalés jusqu’à présent, mais dans un cas américain, une personne qui a reçu une transplantation fécale de la part d’une personne obèse est à son tour devenue obèse dans les mois qui ont suivi.

La transplantation fécale semble cependant destinée à résoudre des problèmes bien au-delà de l’infection à clostridium difficile. Elle est en effet étudiée pour les maladies inflammatoires de l’intestin, et même évoquée pour des cancers, l’obésité, et autres… Bref, il y a du pain sur la planche pour les scientifiques.

Initialement publié par Marion Garteiser, journaliste santé le 02/03/2015 - 12h35 et mis à jour par Marion Garteiser, journaliste santé le 02/03/2015 - 12h35

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