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Le massage revisité

Publié par Gilles Goetghebuer, journaliste santé le 11/01/2005 - 00h00
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Petite question à l'attention des sportifs: le massage améliore-t-il la performance physique et facilite-t-il la récupération musculaire?

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Avant et après l'effort, un grand nombre de sportifs abandonnent volontiers leurs jambes, leurs bras et leur cou aux mains des masseurs. La plupart témoigneront alors mordicus que cela leur procure un bien fou et que c'est même indispensable à la performance! Et pourtant, le massage fait difficilement la preuve de sa pertinence sur le plan scientifique. Est-il utile avant l'effort?Pierre Portero, maître de conférences à l'université de Paris XII et chercheur au Centre d'explorations fonctionnelles neuromusculaires de l'Institut de myologie à Paris, se montre réservé. Sur le plan physiologique, le seul intérêt du massage avant une compétition serait d'élever très légèrement la température musculaire. Mais cela ne suffit pas! Aucun massage -même vigoureux!- ne dispense de se prêter à un véritable échauffement sous la forme d'un exercice physique modéré pendant au moins 20 minutes. Le détour par les mains du masseur serait donc purement une question de rituel qui sous-tend la préparation mentale de chaque athlète. S'y dévoilent d'ailleurs deux profils de sportifs très différents: celui qui éprouve le besoin d'être constamment secoué et trituré et celui qui évite au contraire de faire l'objet de trop d'attentions pour ne pas perturber sa gestion du stress.

Pétrissage anti-acide

Dans la sphère de la récupération, le massage est censé remplir une double fonction: contribuer à l'élimination de la fatigue musculaire et empêcher la survenue de courbatures. Répond-il aux espoirs placés en lui? Pas sûr. Il a beau avoir une tradition millénaire, peu d'études scientifiques prouvent son efficacité. En tous cas, il faut abandonner cette idée simpliste qu'en massant le muscle, on lui permet de se débarrasser de son acide lactique. Beaucoup d'athlètes considèrent, à tort, ce composé comme responsable de tous leurs maux. La fatigue musculaire trouve son origine dans une multitude de facteurs dont beaucoup sont encore mal connus. Mais cela n'a rien à voir avec l'accumulation transitoire d'un composé dont on peut éventuellement se servir pour évaluer l'intensité d'exercice, mais certainement pas pour lui faire porter le chapeau de tous les symptômes de l'épuisement. Certes, il est possible que les stimuli mécaniques du massage induisent des réponses physiologiques bénéfiques. Mais cela varie selon les individus et, de toute facon, on ne doit s'attendre à aucun miracle. Un muscle fatigué reste fatigué même après être passé dans les mains du masseur.

Et contre les jambes de bois?

Le rôle éventuel du massage dans la prévention des courbatures a également fait couler beaucoup d'encre. Rappelons que la courbature résulte d'une accumulation de microlésions au niveau des fibres musculaires. S'ensuivent une inflammation liée au nettoyage des débris cellulaires et un Œdème. Ce dernier met les tissus sous tension et génère ainsi une douleur qui atteint habituellement son apogée entre 24 et 48 heures après la fin de l'exercice physique. "Une croyance très répandue dans les milieux sportifs est que les courbatures sont dues à l'acide lactique", reprend Pierre Portero. "ca n'a aucun sens, puisque celui-ci est éliminé en deux heures au maximum. Or, après une balade en montagne le dimanche, c'est le mardi qu'on a mal aux jambes!". Et dans ces conditions, il apparaît qu'aucun massage ne peut empêcher la survenue des courbatures ou les faire disparaître lorsqu'elles sont engagées. En revanche, il produit souvent un sensation de bien-être et cela suffit à en justifier la pratique. En résumé, le massage vaut surtout pour son action psycho-relaxante. On disait du coureur italien Claudio Chiapucci qu'il suffisait que son masseur russe lui pose les mains sur le visage pour qu'il s'endorme aussitôt! Dans ces conditions, il semble relativement vain de chercher une explication physiologique à ses bienfaits alors que l'essentiel de son action dépend de la qualité d'un échange non verbal (pour une fois!) entre l'athlète et son masseur.

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Publié par Gilles Goetghebuer, journaliste santé le 11/01/2005 - 00h00 Référence: P. Portero, F. Canon, M.A. Caffin; P. Namur, F. Duforez: Courbatures musculaires induites. Effet de l'application d'une technique de massage, 1997.
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