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J’ai un cancer, mais je travaille

Mise à jour par Isabelle Eustache le 03/04/2017 - 16h22
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En quoi l’activité professionnelle est-elle si importante pendant et après le cancer ?

L’une des conséquences de la maladie étant financière, particulièrement dans le commerce où les primes représentent une grande part de rémunération, j’ai décidé au bout d’un an de reprendre mon travail à temps plein. Encore une fois, je ne savais pas à cette époque que l’on pouvait accéder à un temps partiel et j’imaginais qu’en réduisant mes heures de travail mon salaire serait diminué. Je me suis rapidement sentie fatiguée, mais je voulais retrouver ma vie d’avant, gagner de l’argent et avoir une vie sociale. Ça a duré un an, jusqu’à ce que des aléas thérapeutiques se manifestent. Mon emploi nécessitait que je sois debout en permanence, or j’avais très mal à la jambe. C’est ainsi que l’on m’a découvert une ostéonécrose de la tête fémorale, qui a nécessité la pose d’une prothèse de hanche totale. Les suites opératoires et la rééducation m’ont imposé un nouvel arrêt maladie complet d’environ un an, à la suite duquel j’ai été déclarée inapte par la médecine du travail pour poursuivre mon activité professionnelle en boutique. Comme le prévoit la loi, un reclassement professionnel m’a été proposé au sein de mon entreprise, mais le seul poste adapté pour moi, en position assise donc, était très éloigné de ma ville d'origine. Étant donné ma fragilité, je n’ai pas voulu déménager ni quitter ma ville et mon entourage dont j’avais besoin, ce qui a conduit à un licenciement pour inaptitude médicale en 2012.

Je devais retrouver rapidement du travail pour gagner de l’argent et élever seule mon fils de 10 ans, mais je n'avais pas un haut niveau d'études, et je savais que ce ne serait pas facile. Inscrite comme demandeuse d’emploi et reconnue comme travailleur handicapé, j’ai suivi une formation de mise à niveau puis repris des études. J’ai été très bien accueillie et entourée de personnes bienveillantes et très sensibles à mes difficultés, ce qui m’a considérablement aidée dans cette nouvelle aventure, pas forcément évidente et qui demandait beaucoup d’efforts et d’énergie.   

Si je fais le bilan de ma maladie, il n’en ressort pas que des choses négatives, au contraire, j’ai obtenu un diplôme, puis retrouvé un CDI et une stabilité. La maladie m’a transformée et j’ai envie de rebondir. Après avoir souffert de la maladie et de ses conséquences, j’ai retrouvé des envies, de l’énergie et elle ne m’empêche plus de travailler, je n’ai que 35 ans j’ai encore de longues années de travail devant moi. La maladie a développé chez moi certaines qualités/compétences telles que la prise de recul, l’empathie, la gestion du stress et des priorités. Le cancer a été créateur de valeurs, bénéfiques tant sur le plan personnel que professionnel. 

Comment se faire aider ?

  • Je recommande d’être très transparent sur son état de santé : si l’on veut prétendre à un aménagement de poste ou à une autre organisation pour bien s’intégrer dans l’entreprise, il faut développer une relation gagnante pour les deux parties. Bien sûr, la décision d’en parler ou non reste propre à chacun et il n’y a aucune obligation légale d’en parler à son employeur.
  • De toujours beaucoup communiquer : lorsque cela est possible et qu’on le souhaite, il faut être acteur des aménagements et s’impliquer pour s’organiser au mieux avec ses collègues, notamment lorsque l’on est en arrêt maladie (bien définir qui fait quoi, essayer de trouver des solutions ensembles).
  • D’identifier quels sont les contacts au sein de son entreprise, les interlocuteurs privilégiés qui pourraient aider et donner les bonnes informations : le manager, les services RH, le service social, le médecin du travail, les missions handicap… et surtout avec qui on peut se sentir à l’aise.

Dans mon cas, c’est ce qui m’a manqué, personne n’est venu vers moi. Mais c’est réellement possible de retravailler avec un handicap ou une maladie et c’est aussi très important pour que la maladie ne devienne pas notre nouveau monde, pour que la vie ne se résume pas à la maladie.

Initialement publié par Isabelle Eustache le 03/04/2017 - 14h45 et mis à jour par Isabelle Eustache le 03/04/2017 - 16h22
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