PUBLICITÉ

Interview : L'engrenage de la dépendance au tabac

Publié par Isabelle Eustache, adapté par C. De Kock, journaliste santé le 17/02/2004 - 00h00
-A +A

Non, l'ouvrage de Suzy Soumaille* n'est pas un sempiternel manuel pour arrêter de fumer, mais plutôt une source d'informations expliquant la dépendance, les stratégies employées par l'industrie du tabac, ou encore un recueil de témoignages permettant une forte identification au sujet par le lecteur.

PUB

e-santé : La dépendance au tabac est-elle la même que celle rencontrée avec toutes les autres drogues ? A-t-elle des particularités ?

Suzy Soumaille : Comme les autres drogues, la nicotine active le " circuit de la récompense " situé dans le cerveau des émotions. Du plaisir en moins de dix secondes, qui dit mieux ? Vu la vitesse à laquelle elle atteint le cerveau, la nicotine est une des substances auxquelles on " s'accroche " le plus vite. Et si elle est moins puissante que la cocaïne, la nicotine compense en pouvant être administrée beaucoup plus souvent dans un temps limité. Certains parlent de la cigarette comme d'une seringue à nicotine. Il est vrai que la cigarette est le moyen le plus efficace d'administrer cette substance, car elle est mieux absorbée par la circulation pulmonaire que par d'autres voies (sanguine, cutanée).

e-sante : Comment pourrait-on déjouer les stratégies employées par l'industrie du tabac pour capter de nouveaux consommateurs ?

Suzy Soumaille : La publicité pour le tabac est redoutable car elle se lie à des valeurs positives telles que l'image d'une vedette, un moment de détente ou la pratique d'un sport extrême. C'est pourquoi l'interdiction de la publicité et de la promotion pour les produits du tabac est un des moyens efficaces pour préserver les jeunes. Autre approche payante : relativiser le sentiment de liberté que les jeunes croient trouver dans la consommation du tabac, en leur montrant qu'ils sont victimes des manipulations des fabricants. Les contre-publicités et autres campagnes " vérité " ont cet avantage de " parler " aux ados, peu sensibles au discours moralisateur des adultes, et d'aiguiser leur penchant naturel pour la révolte.

Publié par Isabelle Eustache, adapté par C. De Kock, journaliste santé le 17/02/2004 - 00h00
Notez cet article
Vous devez être connecté à votre compte E-Santé afin de laisser un commentaire
PUBLICITÉ