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Faut-il interdire la boxe?

Publié par Gilles Goetghebuer, journaliste santé le 07/09/2004 - 00h00
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La boxe a toujours été l'objet de controverses. Interdite au niveau professionnel dans plusieurs pays comme la Suède et certains états américains, d'aucuns souhaiteraient voir cette mesure adoptée partout dans le monde!

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Dans de nombreux ouvrages consacrés au noble art, on minimise ses dangers en citant, par exemple, le chiffre de 15 accidents mortels depuis la Guerre, alors qu'un survol probablement incomplet de l'actualité sportive révèle au moins 250 décès! On se trouve là face à une véritable question de santé publique. La boxe est effectivement le seul sport où l'on se fixe le KO de l'autre comme principal objectif. Parfois, les conséquences sont dramatiques.

L'effet Tintin

Au niveau professionnel (et plus rarement au niveau amateur), il arrive effectivement que les rencontres de boxe se terminent par Knock out. Sur le plan neurologique, cette perte de connaissance résulte d'un brusque mouvement de la tête entraînant un déplacement de la matière grise qui vient taper contre la table interne de la voûte crânienne. Contrairement à une idée recue, ces traumatismes laissent des traces dans le cerveau. Nous avons tous été abusés par ces films ou ces bandes dessinées qui voient les personnages s'assommer allègrement sans produire la moindre séquelle. Les Américains parlent du "Hollywood effect". On le surnomme aussi l'"effet Tintin", en hommage au célèbre reporter qui se fait assommer 32 fois au cours de ses différentes aventures sans conserver apparemment le moindre handicap. Dans la réalité, un tel traitement l'aurait plus que certainement conduit vers des pathologies graves, à l'instar du boxeur Muhammad Ali, atteint de Parkinson, que l'on avait vu avec émotion allumant la flamme olympique lors de la cérémonie d'ouverture des précédents Jeux olympiques de Sydney.

C'est mon choix!

La boxe est un sport dangereux. A défaut d'une décision d'interdiction, qui paraît tout de même difficile à prendre, il faut impérativement veiller à adopter toutes les mesures de prudence pour éviter les drames. Ceux-ci surviennent classiquement lorsqu'il y a diminution de la vigilance et relâchement des muscles du cou. On a donc réduit la durée des combats. Actuellement, le port obligatoire du casque chez les amateurs explique en partie la diminution du risque. Mais il faut également tenir compte de l'épaisseur plus importante des gants et, à l'intérieur de ceux-ci, de l'utilisation d'une bande de gaze plus longue pour protéger les phalanges. Tout cela participe à atténuer la violence des coups. Enfin, il faut insister sur le respect de règlement comme celui qui impose une présence médicale au bord du ring ou celle faite au boxeur d'observer une trêve de 28 jours après un KO. Les fédérations ont également instauré des limites d'âge pour l'accès à la compétition ou la présentation d'un certificat médical d'aptitude. Toutes ces décisions, à condition qu'elles soient observées, ce qui est malheureusement loin d'être systématiquement le cas, vont dans le sens d'une plus grande sécurité. Enfin, il faut jouer cartes sur table. Ceux qui envisagent de se lancer dans une carrière de boxeur doivent savoir que ce sport risque de laisser des séquelles sur le plan neurologique. Au niveau amateur, celles-ci ne sont pas forcément plus graves qu'ailleurs. Au niveau professionnel, il existe un véritable danger que l'on peut choisir d'assumer à condition que cela se fasse en toute connaissance de cause!

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Publié par Gilles Goetghebuer, journaliste santé le 07/09/2004 - 00h00
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