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Le bupropion " sous surveillance "

Publié par Dr Marc Sertyn le 17/11/2001 - 00h00
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Entretien avec le Professeur Georges Lagier, Service de pharmacovigilance, hôpital Fernand Widal, Paris (France).

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Tabac Actualités : Pr Lagier, vous êtes pharmacologue, que pensez-vous d'un produit comme le Zyban® (bupropion) ?

Pr G. Lagier : Le bupropion est connu depuis de longues années en tant qu'antidépresseur ; il est commercialisé en tant que tel aux Etats-Unis et il fait maintenant un retour remarqué, notamment en France, avec pour unique indication l'aide au sevrage tabagique, laquelle a une forte connotation de santé publique et de prévention.En tant qu'antidépresseur, ce médicament interfère avec le système dopaminergique alors que les antidépresseurs habituels interfèrent plutôt avec les systèmes noradrénergique ou sérotoninergique. Sur le marché francais, l'unique médicament qui avait un mode d'action voisin était l'amineptine (Survector®).Cela étant dit, deux précautions particulières s'imposent :- La première concerne le risque épileptogène, parfaitement connu et démontré. Ce risque a entraîné des restrictions de prescription chez les personnes ayant un risque de convulsions. Ce point apparaît clairement dans l'information faite autour de ce produit, notamment par le laboratoire qui le commercialise.La seconde précaution à prendre concerne le risque d'abus, a fortiori chez des individus " toxicophiles " : population de fumeurs éventuellement consommatrice d'autres drogues, licites ou non. Ce risque est moins documenté que le précédent compte tenu du peu de recul disponible dans cette indication de l'aide au sevrage tabagique.

T.A. : Existe-t-il de ce fait un dispositif particulier de vigilance ?

Pr G.L. : La France a mis en place un dispositif de surveillance des conditions d'utilisation du bupropion dans l'aide au sevrage tabagique. Une évaluation est en effet menée, en plein accord avec le laboratoire qui commercialise ce produit. Elle revêt deux formes :- La première, immédiate, concerne les centres d'évaluation et d'information sur les pharmacodépendances (CEIP): une vigilance particulière leur est demandée et tous les professionnels de santé sont invités à leur signaler les abus de consommation et les cas éventuels de pharmacodépendance constatés avec ce produit.- La seconde commencera dans quelques mois ; elle sera réalisée par le laboratoire lui-même et portera sur un échantillon de pharmacies. En l'état actuel des connaissances, l'information sur ce produit est donc plutôt rassurante mais la vigilance s'impose. Elle ne doit pas être émoussée par la très forte médiatisation dont bénéficie ce produit.

Publié par Dr Marc Sertyn le 17/11/2001 - 00h00 CFES, Comité Français d'Education pour la Santé, Tabac Actualités, N°19, octobre 2001
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